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Comment participe-t-il à la bonne marche du monde ?

Le tir à l’arc est un mode de vie bien plus qu’une simple activité. D’Ulysse à Robin des Bois en passant par Guillaume Tell, des chasseurs de l’ère glaciaire aux soldats du moyen âge, l’histoire du tir à l’arc est riche de figures hautement symboliques et évocatrices et connues du monde entier.

Mais le tir à l’arc n’appartient pas au passé, loin de là ! Sa côte de popularité a connu un envol à la suite du succès de quelques films récents : le Seigneur des Anneaux, Avengers, Le Monde de Narnia, Hunger Games, Rebelle … Ce qui frappe pour les trois derniers cités, c’est que ceux sont les femmes qui prennent l’initiative, saisissant arc et flèches pour accomplir leur destin et se révéler ! Il semble qu’aux yeux du monde, ce sport ait enfin trouvé son facteur « cool » et branché.

Toutes ces histoires ont donné naissance à des modèles impressionnants et rafraichissants pour la société dans son ensemble … Pourrait-t-on trouver meilleurs ambassadeurs pour un sport qui a eu du mal à exister sur la scène médiatique depuis qu’il a réintégré le giron Olympique en 1972 ?

Comment expliquer ce nouvel essor ?

Toutefois il n’y a pas de coïncidence dans cette dynamique gagnante qu’a connue le tir à l’arc ces derniers mois. Il a en effet réussi à devenir un sport en étant capable d’évoluer à travers les siècles. Y-a-t-il seulement une autre activité humaine qui ait survécu à l’épreuve du temps mieux que le tir à l’arc ?

Profitant du progrès matériel, il a permis aux archers d’atteindre des niveaux inimaginables il y a peu  et par voie de conséquence des scores plus élevés. Jetez un coup d’œil sur les arcs, vous serez alors surpris … De l’arme en bois simple dans le plus pur style Robin des Bois à l’alliance du bois stratifié et des composants en fibres de verre, métaux et fibres de carbone caractéristique des outils des athlètes contemporains, les matériaux sont certes différents, mais l’art consiste encore et toujours à trouver dans  l’adéquation parfaite entre les éléments, l’arc et les flèches le chemin vers la cible.

Une fédération internationale à la pointe

Il est intéressant de noter que l’organisation mondiale faîtière du tir à l’arc a contribué de manière novatrice et proactive à la mise en place de fondations prometteuses pour l’avenir du sport et contribuer à son inscription dans la nouvelle ère du sport spectacle et du sport pour tous. Les organisations sportives sont le reflet des gens qui les dirigent. Or, l’organe régissant le tir à l’arc a su canalisé correctement son développement et s’est avéré être tout à fait visionnaire. Alors que de nombreuses autres organisations sportives sont aujourd’hui aux prises avec les questions épineuses liées à la gouvernance et aux droits TV, la Fédération Mondiale de Tir à l’Arc (World Archery Fédération) a lancé une approche stratégique basée sur un plan global de cinq années (2017-2012) visant à faire du Tir à l’arc un sport olympique important. En parallèle de l’accompagnement des structures accueillant les pratiquants, une marque mondiale complète et reconnaissable a été développée ainsi que des expériences innovantes sur le terrain et un repositionnement de la couverture média afin d’optimiser les opportunités offertes par Londres 2012.

Aussi n’est-ce pas surprenant que le tir à l’arc soit devenu tendance et que de plus en plus de personnes rejoignent les rangs des archers. Rien qu’aux États-Unis, la participation des jeunes dans le sport a fait un bond de 75% au cours des dernières années[1] ! En outre, le tir à l’arc s’est avéré être l’un des sports les plus en vue lors des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2012. Les athlètes ont ainsi attiré une audience record[2]. De l’avis même des experts du monde sportif (61% des sondés), le Tir à l’Arc aurait clairement amélioré son statut au sein de la famille des sports olympiques au cours des cinq dernières années[3].

Mais de quel bois est fait ce sport ?

Vous vous demandez peut-être ce que les gens trouvent dans le tir à l’arc qu’ils ne retrouvent dans d’autres sports. Eh bien, selon le témoignage de pratiquants amateurs rencontré dans un coin reculé de la France (où l’arc est de nouveau mis au goût du jour avec le succès d’une comédie musicale consacrée à Robin des Bois[4]), la dimension la plus importante et intéressante de cette pratique c’est qu’elle permet à tous de s’exprimer.

« C’est à la portée de tout le monde et il est agréable de le pratiquer avec toute la famille. C’est un beau moment de partage », me confiait une maman de 43 ans, qui a rejoint le club de tir à l’arc de son petit village il y a deux ans et dont les deux filles sont devenues membres un an plus tard.

Tom, un garçon étonnamment mature pour son jeune âge (12 ans), a avoué qu’au début, il l’a pris comme une blague quand son grand-père lui a proposé de faire un essai.

« Je pensais que le tir à l’arc était quelque chose de totalement démodé et pour être honnête je l’ai toujours imaginé comme une lubie de mon grand-père … J’ai finalement fini par accepté de faire un essai, mais pas avant de m’être assuré que je ne serais pas obligé de porter des collants [comme Robin des bois]. Mais quand je l’ai essayé … Quelle surprise cela a été ! Le tir à l’arc exige de la force et des vraies qualités de sportif, ce que je n’aurais pas imaginé auparavant. Pour moi, cela ne me semblait pas sorcier de faire fonctionner ensemble quelques morceaux de bois et de métal. Comme j’étais stupide alors. Je tiens à dire merci à mon grand-père et à tous les membres du club qui m’ont accueilli à bras ouverts. Grâce au tir à l’arc j’ai vraiment redécouvert le monde et je n’ai plus peur d’atteindre mes objectifs. Quelle sensation, c’est grisant ! ».

Tirer à l’arc en effet, cela ne s’improvise pas. La pratique exige et développe la maîtrise de soi et la compréhension des éléments. Capacités à tirer avec une technique cohérente et reproductible, à rester calme sous la pression et à juger le vent sont les qualités les plus souvent citées pour décrire un bon archer.

Petit exercie sur la corde philosopique

Pour ma part, je dirais que le tir à l’arc permet tout « simplement » d’ouvrir de nouveaux horizons. Il crée un lien entre l’humanité passée, présente et future.

D’abord activité de survie il a su évolué pour devenir une activité de loisir. Le tir à l’arc a traversé les siècles et offre aujourd’hui une voie intéressante pour notre société. En effet si arc et flèches constituent l’une des armes les plus primitives, ils fournissent aujourd’hui des atouts utiles à chaque individu.

D’une part, il apporte des réponses intéressantes à la crise de l’inactivité physique en permettant de concilier développement de la forme physique et puissance attractive du plaisir et du jeu. En effet l’entrainement d’un archer combine travail sur leur force du haut du corps, la stabilité, la position et la concentration. Il fournit donc des clés pour le bien-être de l’individu en offrant une meilleure condition mentale et physique… Autant d’inestimables clés pour affronter sereinement une société de plus en plus exigeante dans lequel il est primordial d’être armé pour agir sous la pression.

D’autre part, le tir à l’arc est vecteur d’inclusion. Bien sûr, ce n’est pas l’apanage de ce dernier que de rassembler les gens, de nombreux autres sports ont également ce pouvoir, toutefois le tir à l’arc a ceci de particulier qu’il surfe sur une dynamique positive et donne à voir un beau miroir de la diversité de nos sociétés. En effet, il réunit des pratiquants de tout âge, sexe et capacité. L’histoire d’Im Dong-Hyun[5], connu sous le nom de l’archer aveugle, est un exemple limpide du fort potentiel d’inclusion et d’autonomisation que renferme la pratique du tir à l’arc.

Enfin, il apporte des réponses à deux des questions les plus insidieuses de notre temps : la peur de vieillir et l’usage compulsif et mortel d’armes. En effet, l’histoire de ce sport a depuis longtemps montré qu’il ne faut pas avoir peur d’avancer à travers les années, mais à l’inverse s’appuyer sur ces expériences et être toujours prêt pour de nouveaux défis. De même, le tir à l’arc a également cette capacité à nous projeter dans une activité fortement ancrée dans le réel, nous poussant à sortir en dehors de la « Terre du Milieu [6]» et des jeux vidéo, et à offrir par là même une expérience unique en étant acteur de sa propre vie à travers une arme, mais dans un environnement sûr. S’il peut sembler aventureux et un peu dangereux, c’est précisément ce qui en fait son attrait pour nombre d’archers.

Quelques notes pour conclure.

Pas de doute, le tir à l’arc est un sport qui peut contribuer davantage à notre société et mérite d’être plus connu. De part ses origines et son histoire, il a le pouvoir de réveiller notre imagination et de nourrir l’espoir. Il crée des ponts entre la culture du mouvement et celle des mots, devenant par là même un art au service de l’accomplissement et de l’autonomisation de l’Homme.

Restons concentré sur la cible, le tir à l’arc va continuer à se développer et trouver de nouveaux fans.

 

Article proposé dans le cadre d’un entretien avec World Archery en avril 2013

 

 

[1] Source : USA Archery

[2] Source : USA Today.

[3] Source : Etude menée en juin 2012 par la Fédération Internationale de Tir à l’Arc auprès de 85 experts du monde sportif.

[4] Voir le site official : www.robindesbois-lespectacle.fr

[5] Im Dong-Hyun est un Sud-Coréen champion olympique, du monde et de la Coupe du monde de tir à l'arc. Légalement considéré comme aveugle, il a apporté à son pays les deux premiers records du monde enregistrés lors des Jeux de Londres lors des épreuves qualificatives de tir à l’arc.

[6] La Terre du Milieu est l’univers fictif dans lequel se déroule la majorité des écrits développés par JRR Tolkien (Le Seigneur des Anneaux, Bilbo le Hobbit).

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